NOS
PETITS ENFANTS NOUS
ZAÏRONT
(La
récré est finie)
Il
y a quelques années, j'ai « profité » d'un alitement
rhumatologique prolongé pour rassembler et ordonner les idées qui
sous-tendent beaucoup de mes sculptures. Ça a donné un petit
pamphlet de cinquante pages intitulé Nos
petits enfants nous zaïront
(la
récré est finie),
texte que j'ai vainement tenté de faire publier. Son originalité,
crois-je, est de mettre l'accent sur la responsabilité de chacun
face aux problèmes contemporains, et d'essayer d'élever le débat
en voyant les choses de loin, du point de vue de notre aventure
cosmique, chaosmique. Il aborde successivement : notre bonheur,
notre grand nombre, l'état de mère nature, les énergies, le
fonctionnement du système et la répartition inégalitaire de ses
bénéfices, le grand mélange de tout et de tous, et il conclut « à
nous de jouer ».
En
voici un...
RESUMÉ
Nous
vivons un « bonheur » qui ne peut durer, ni
matériellement faute de ressources, ni moralement les pauvres sont
de moins en moins d'accord, ni spirituellement nous sommes là pour
plus ambitieux qu'accumuler des richesses. Il est donc impératif de
réagir. Sinon, comme on
est incroyablement et soudainement très nombreux. …
« For
the times they are changing »
(Robert
Zimmerman dit Bob Dylan)
Sinon
sur leurs vieux jours, nos petits enfants en viendront à nous haïr
parce que ces dix milliards d’hommes et femmes vont se retrouver
très serrés au sein du village planétaire abîmé, face à un
paquet de problèmes et sans les moyens de les résoudre. Leurs
ancêtres auront presque tout
pillé et mangé.
Nous leurs transmettrons de plus une « machine » :
nature, objets, système économico-financier et sécurité, en
mauvais état.
"Face
à un mur le plus tôt l’on freine, le moins l’on casse".
(extrait probable du code de la route).
Cependant,
nous sommes doués de raison et donc théoriquement capables de
dominer, « gérer », nos pulsions et parfois aussi les
événements.
la
Nature
La
chanson est maintenant connue : réchauffement, pollution, fin
des espèces... Mais je vous la refais quand même : l'humain se
« sert » de la nature comme d'une chose sans vie
extérieure à lui et sans limites, alors qu'elle est vivante et
qu'il en est issu. Il l'a salie et il l'épuise ; il est en
conflit avec elle au lieu de s'extasier devant le miracle de la Vie.
Attention, danger ! Changeons de comportement, il n'y a pas le
choix et nous ne nous en porterons que mieux.
Les
scientifiques constatent que les hommes sont en train de causer la
sixième extinction de masse des espèces. Il n’y aura
plus ou presque de poissons de mer : "Pauv’ bêtes, pauvres
pécheurs !" Plus d’éléphants, ni de rhinocéros, ni
d’orangs-outans (« hommes des bois »). Nous voudrions
que les Africains et les Asiatiques, miséreux, préservent ces
bestiaux très méchants. Ce n’est pas grave ! Les animaux sont
désormais des "produits" que l’on fabrique. Mais aussi
plus de neige sur le Kilimandjaro, plus que qq. bouquets d’arbres
en Amazonie, alors qu'avec tout ce bois nous aurons fabriqué plein
de repose-cul pas durables style Louis 14,95.
Cela
peut faire sourire, paraître dérisoire, mais je crois
fondamentalement à l'efficacité et la nécessité de l'addition de
millions (milliards) de petits gestes individuels.
Ce
qui va manquer en premier pour beaucoup, ce sera l’eau. Il n’y
aura plus de lac Tchad, plus de mer d’Aral, partis pour faire des
sapes. Il y aura la guerre pour les eaux des grands fleuves du
Jourdain au Gange. Mali et Niger n’existeront plus
:
à sec, déboisés pour faire cuire et broutés à blanc. Au
contraire, le Bangladesh sera à moitié noyé. Pendant ce temps chez
les riches, Las Vegas finira de téter les dernières gouttes des
nappes. M’enfin chez nous en France il pleut de façon civilisée,
même si les Bretons n’ont plus l’eau potable courante.
Il
y a une pièce de la maison planétaire commune qui tombe en
poussière, une autre qui est inondée, la troisième est hantée,
une quatrième sèche et va prendre feu, mais pour Georges, « tout
va bien »
(Pierre
Vassiliu).
L'énergie
Nos
milliards de moteurs tournent depuis moins de deux siècles,
démultipliant incroyablement la puissance humaine. Est-ce que ça va
durer ?
On
brûle toute l'énergie disponible, tout de suite, sans regarder
l'avenir à qui l'on confie trop de nos saletés. Il n'y a pas
d'ersatz aux énergies fossiles, que des remplacements partiels.
L'uranium utilisable est lui aussi en quantité limitée, outre ses
inconvénients à long, très long, terme. Il vaut mieux dominer et
gérer l’inéluctable ralentissement à venir que le subir. Donc il
faut être sobre, que chacun modifie son comportement. Nous qui
voulons vivre en T-shirt en plein hiver; nous qui motorisons tout
pour supprimer l’effort : la grande flemme ; nous qui laissons
béatement les marchands nous mener par le bout du nez.
Paradoxalement alors que l’on a jamais été aussi nombreux sur la
Terre, chacun veut plus. Il n’y aura pas de miracle, le plus tôt
nous freinerons cette consommation et ce transport maladifs et
iniques, le mieux pour la suite. Inéluctable à moins que l'on
trouve comment récupérer proprement l'énergie que décrit « e
= mc² »
ou celle du soleil. On en est pas là.
Comment feront nos petits
enfants avec une énergie probablement plus rare et chère ? Ils
seront cependant bien au chaud grâce à l’épaisse couverture de
CO2 que
nous leur ouvrageons. Mais
je ne sais toujours pas avec quoi les pauvres feront cuire leur riz.
Et il y aura pour des
millénaires, des sites maudits : les 440 réacteurs nucléaires
actuels, les futurs, etc.
Le
Fonctionnement
Les
systèmes qui manipulent toutes ces ressources n'évoluent pas
forcément dans le bon sens. Une épidémie néo-libérale les a
gagnés alors que « Ceux
qui croient qu'une croissance sans fin est possible sur une planète
finie sont soit des fous irréalistes soit des économistes. »
(Kenneth
Boulding, lui-même sage économiste).
Entreprises et commerces ne s'occupent plus que de leurs chiffres
d'affaire, le culte du " Veau
d’ or
", et on inclut imprudemment l'agriculture dans ce jeu. Tout ça
c'est négocié, joué, dans diverses bourses qui sont déconnectées
de la réalité, désormais conduites par Big Brother lui-même au
volant de ses ordis.
« Pourvou
qué ça doure ? »
(Lætitia mère de
Napoléon)
Il
en va de même pour les banques qui prêtent sans compter de l'argent
qu'elles pondent et les dettes individuelles et collectives enflent.
Tout repose sur une confiance rêvée dans les affaires pros-pèpères
hypothétiques des années à venir, le tout tiré par la
pub,
propagande sucrée de notre système à gloutonner malsain en
croissance utopique sans fin.
C’est malsain. Comme on jette de plus en plus vite, on en arrive à
jeter les choses sans les avoir encore payées.
Le
système politique, « le
moins pire de tous les autres » la
démocratie
(paraphrase
de W. Churchill), a ses limites. Et n’est-elle possible que chez
les nantis ? De nouveau il faut agir, revoir tout ça, ré-introduire
plus de raison et d'éthique.
Les
Inégalités
« LIBERTE,
EGALITE,
FRATERNITE »
est gravé dans toutes nos villes &
villages.
Il
y a deux choses de plus en plus mal réparties : l'argent et le
boulot. Danger! Ces inégalités ne seront pas éternellement
acceptées, elles augmentent sous les yeux de tous les Terriens dont
les pauvres qui savent que la Terre n'a pourtant jamais autant donné.
À l'opposé il y a une poignée de très-très riches qui s'isolent,
se barricadent et s'arment, qui achètent lois et politiciens ;
ils sont myopes car cela ne pourra pas durer, ni matériellement, ni
socialement.
De
même, la productivité croissante (mécanisation + informatique)
diminue la quantité de travail humain nécessaire au fonctionnement
général. Au lieu que cela soit intelligemment réparti, cela ne
fait qu'élargir dangereusement cette fracture sociale, au profit de
toujours les mêmes, menant de moins en moins au bonheur, se foutant
de l'écologie.
Il
est choquant et dangereux que les 50 millions les plus riches,
dépensent la même somme que la moitié des Terriens à qui
reviennent en moyenne 2 €
(ou 2 $) par jour et par personne. Bêtement : si on taxait la moitié
des revenus de ces riches cela ferait quand même 1 €
de plus par jour et par personne chez ces pauvres, ce qui n’est pas
négligeable, et si l'on y ajoute les dépenses militaires on arrive
à 4 € ou $ ! Byzance ! S’ils
ont si peu, c’est entre autres parce
que
nous avons tant. Les sur-développés
existent. De plus les différences augmentent. Dans les pays riches
les qq. très-très riches sont en train de gagner au monopoly. Dans
les pays pauvres trop souvent les qq. rares fortunes y ont été
accumulées par des dictateurs ; les atteintes aux libertés y
sont couramment tolérées, voir soutenues, pour l’argent.
Nous
sommes globalement plus riches que jamais : les boulangers vendent
aujourd'hui plus de sucre que de pain. Rappelez vous : beaucoup de ce
que nous prenons aujourd'hui, c'est à nos petits enfants que nous
l'enlevons.
Ces injustices imbéciles mènent
et mèneront à la révolte, la violence, la peur, l’insécurité.
C’est cela que nous construisons, c’est cela que nous laisserons.
Les armes se vendent, ça, nos petits enfants n’en manqueront pas.
Le
village planétaire que nous laisserons est soumis aux lois
et prédations iniques
de
l’argent
et du plus fort,
alors qu’il traverse une période clef de son évolution.
Il
faut user du sens
du long terme, de probité, de responsabilité, d'écoute, et de
fraternité.
Les temps sont venus pour une « nouvelle
donne »,
une répartition juste et saine des revenus et du travail. Changeons
d'élus, de chefs, les actuels, plus ou moins démagogues, ne font
que poser de futiles pansements provisoires.
Dans
la maison planétaire, la tuyauterie où circule l'argent ne marche
pas bien. Là, l'Europe
est une chance, un continent doit pouvoir prendre les initiatives
nécessaires sans y laisser trop de plumes.
Le
Grand Mélange
Tout'
se mélange, et vite : objets, mœurs, gens et espèces,
mentalités, rejoignant ainsi la "façon" de la nature,
l'un des principes de l’évolution. Ça change la Vie. C'est
passionnant mais inquiétant, nous vivons une époque clef,
formidable, mais est-ce que ça va tenir ? « Pourvou
qué ça doure ? »
Mais si
les menaces sont nombreuses, bien des éléments et exemples positifs
existent. Rien n'est écrit d'avance.
Une
culture planétaire se crée.
le métissage des personnes et des civilisations peut être superbe
et passionnant ; notez qu'il s’agit presque plus d’un
mélange de civilisations d’époques différentes, que d’un
mélange géographique. Et notre époque n’enthousiasme pas
forcément ces peuples venus de loin.
« On
vit une époque formidable » (Reiser).
Oui,
notre aventure peut être formidable. A l'exemple d’une caravane
seule dans le désert, dont la survie, comme celle des humains seuls
dans leur coin de cosmos, dépend de la bonne gestion de ses
ressources limitées et de la bonne entente de ses membres : ça
passe où ça casse, du moins ça pourrit.
Les
Pâsquans n’ont
pas su ou pu gérer leurs ressources : ils ont coupé tous leurs
arbres, ils ont bouffé tous les oiseaux, ils se sont battus ; ce fut
la fin : misère, guerre, famine, anthropophagie. Les Tikopians
(d'une autre île pacifique) au contraire ont su s'imposer les
mesures écologiques et contraceptives nécessaires à leur survie
sur des siècles.
A
Nous de Jouer
Rien
n'est écrit d'avance. C'est nous qui tenons la barre. Un changement
de comportement concret et spirituel salutaire est indispensable et
possible, il va dans le sens de l'évolution, de l'aventure des
Humains. Nous n'en serons pas malheureux, au contraire.
La
réponse viendra d'abord de chacun d'entre nous,
plus
que des autorités supérieures qui ne sont que notre reflet.
Serons-nous
de prudents nomades de l’univers, des Tikopians ou des Pasquans ?
L’happy end n’est pas garantie des gouvernements. Au contraire,
le système de fonctionnement actuel mène à l’impasse. Or il y a
un autre chemin, un peu raide et vertueux, qui peut nous permettre de
franchir ce qui doit être la prochaine marche à monter dans notre
aventure ; il passe par deux domaines, matériel et spirituel.
Matériellement, il faut indéniablement freiner et équilibrer notre
consommation : ce sera moins d’argent, moins d’objets, mais plus
de temps, peut être plus de fraternité, plus d’amour. La
croissance s’est pervertie, nuisant à son propre but. Elle doit
pouvoir baisser en douceur. A nos éminents responsables d’organiser
le chantier. Spirituellement
: Il semble que
socialement l’homme sorte de l’enfance, et l'esprit est peut-être
bien le futur de notre aventure, l'aboutissement de cette débauche
d'énergies et matières cosmiques initiales.
L’évolution
depuis le Big Bang crée des structures de plus en plus complexes ;
la plus poussée c’est notre cervelle. Les Dieux (?) nous on fait
libres, à nous d’être responsables. Croire en une maturation
générale, ce n’est pas rêver, c’est aller avec la pente de
l’évolution, et c’est la seule route possible.
à
nous de jouer.
___
en
vrac, liste non exhaustive des petits gestes à additionner :
Comment
chacun de nous peut-il apporter concrètement sa pierre ?
- Manger
moins de viande (y-en a pas assez pour tout le monde)
- Ne
pas tondre tout son gazon (c'est une obsessionnelle pulsion de
contrôler tous les brins d'herbe et surtout ça prive les insectes
de bouffe)
- Ne
pas brûler feuilles mortes et végétaux (leur co2
doit retourner à le terre et non dans les airs)
- Réfléchir
avant d'enfoncer une prise, avant de motoriser
- Résoudre
les inévitables conflits désormais autour d'une table, une bonne de
préférence.
- Économiser
le papier, réfléchir avant d'acheter comme avant de jeter, refuser
les emballages inutiles
- Éviter
le congelé (sauf pour les crèmes glacées) et le hors saison
- Mettre
un pull en hiver, reprendre le rythme méditerranéen en été, se
servir de ses gambettes Ces qq. efforts seront de plus excellents
pour notre santé.
Votez,
militez ! Nous avons les élus que nous méritons : choisissons
les hommes et femmes qui veulent déclarer la guerre à la misère
et au saccage. Ce sont les citoyens qui font les gouvernements, qui
eux font les lois. Il faut croire en la démocratie, on n'a pas
trouvé mieux
etc.
À vous d'allonger la liste.
EXTRA
BONUS-CADEAU GRATUIT EN PLUS : UNE HISTOIRE
Imaginez
des extraterrestres
à la recherche d'un Graal à travers le vide inter-sidéral. Après
des générations de voyage cosmique dans le froid, le silence absolu
et le vide immense, avec jamais rien en vue, pas une galaxie à
l'horizon et d'ailleurs pas d'horizon non plus, ils finissent, à
force de ramer, par s'approcher d'un nuage lumineux isolé qui,
grossissant, s'avère être la Voie Lactée ; ils y plongent
jusqu'au système solaire, croisant furtivement toutes sortes de
cailloux, nuages et amas sans Vie ; et puis ils tombent sur un
joyau, une merveille de tiédeur, de couleurs, de variété, de sons,
de textures, de parfums : la Terre, cette planète qui, au jeu de dés
cosmique, est celle qui a profité d'une incroyable série de
« doubles six ».
Vie
et intelligence s'y nichent, blotties dans une mince
pellicule humide et fertile,
en proportion dix fois plus fine que cette feuille de papier dans vos
doigts.
Voila
ce qu'ils y trouveront ! Voila où et qui nous sommes.
Pourvu
qu'ils ne la baptisent pas "planète Mickey" et surtout pas
"planète has been".
Dans
le lointain et le très lointain, suffisamment de dangers
inéluctables nous attendent : glaciations, éruptions
volcaniques, météores, sursauts gamma, éruptions solaires
d'amplitude, dérive des continents ; et plus loin notre cousine
galactique, Andromède, qui un jour va nous rentrer dedans ; et
enfin notre père Soleil qui un jour va imploser et nous bouffer
comme Chronos ses enfants. D'ailleurs bien avant, dans un milliard
d'années la Terre, trop chaude, sera de toute façon inhabitable. La
chevauchée va être sauvage. Accrochons-nous déjà jusque-là. Que
devant tous ces obstacles à venir nous ne soyons pas nous-mêmes en
quelques générations la cause de notre perte après les 150 000
générations issues d'Adam & Ève.
Ça
ne dérangera pas beaucoup la Vie que nous nous effacions, Elle
recommencera plus tard, ici ou ailleurs où elle a peut-être bien
commencé, d'ailleurs.
À
NOUS DE JOUER.
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