dimanche 4 janvier 2015

écrit

NOS PETITS ENFANTS NOUS ZAÏRONT (La récré est finie)

Il y a quelques années, j'ai « profité » d'un alitement rhumatologique prolongé pour rassembler et ordonner les idées qui sous-tendent beaucoup de mes sculptures. Ça a donné un petit pamphlet de cinquante pages intitulé Nos petits enfants nous zaïront (la récré est finie), texte que j'ai vainement tenté de faire publier. Son originalité, crois-je, est de mettre l'accent sur la responsabilité de chacun face aux problèmes contemporains, et d'essayer d'élever le débat en voyant les choses de loin, du point de vue de notre aventure cosmique, chaosmique. Il aborde successivement : notre bonheur, notre grand nombre, l'état de mère nature, les énergies, le fonctionnement du système et la répartition inégalitaire de ses bénéfices, le grand mélange de tout et de tous, et il conclut « à nous de jouer ».
En voici un...

RESUMÉ

Nous vivons un « bonheur » qui ne peut durer, ni matériellement faute de ressources, ni moralement les pauvres sont de moins en moins d'accord, ni spirituellement nous sommes là pour plus ambitieux qu'accumuler des richesses. Il est donc impératif de réagir. Sinon, comme on est incroyablement et soudainement très nombreux.
« For the times they are changing » (Robert Zimmerman dit Bob Dylan)
Sinon sur leurs vieux jours, nos petits enfants en viendront à nous haïr parce que ces dix milliards d’hommes et femmes vont se retrouver très serrés au sein du village planétaire abîmé, face à un paquet de problèmes et sans les moyens de les résoudre. Leurs ancêtres auront presque tout pillé et mangé. Nous leurs transmettrons de plus une « machine » : nature, objets, système économico-financier et sécurité, en mauvais état.
"Face à un mur le plus tôt l’on freine, le moins l’on casse". (extrait probable du code de la route).
Cependant, nous sommes doués de raison et donc théoriquement capables de dominer, « gérer », nos pulsions et parfois aussi les événements.

la Nature
La chanson est maintenant connue : réchauffement, pollution, fin des espèces... Mais je vous la refais quand même : l'humain se « sert » de la nature comme d'une chose sans vie extérieure à lui et sans limites, alors qu'elle est vivante et qu'il en est issu. Il l'a salie et il l'épuise ; il est en conflit avec elle au lieu de s'extasier devant le miracle de la Vie. Attention, danger ! Changeons de comportement, il n'y a pas le choix et nous ne nous en porterons que mieux.

Les scientifiques constatent que les hommes sont en train de causer la sixième extinction de masse des espèces. Il n’y aura plus ou presque de poissons de mer : "Pauv’ bêtes, pauvres pécheurs !" Plus d’éléphants, ni de rhinocéros, ni d’orangs-outans (« hommes des bois »). Nous voudrions que les Africains et les Asiatiques, miséreux, préservent ces bestiaux très méchants. Ce n’est pas grave ! Les animaux sont désormais des "produits" que l’on fabrique. Mais aussi plus de neige sur le Kilimandjaro, plus que qq. bouquets d’arbres en Amazonie, alors qu'avec tout ce bois nous aurons fabriqué plein de repose-cul pas durables style Louis 14,95.
Cela peut faire sourire, paraître dérisoire, mais je crois fondamentalement à l'efficacité et la nécessité de l'addition de millions (milliards) de petits gestes individuels.
Ce qui va manquer en premier pour beaucoup, ce sera l’eau. Il n’y aura plus de lac Tchad, plus de mer d’Aral, partis pour faire des sapes. Il y aura la guerre pour les eaux des grands fleuves du Jourdain au Gange. Mali et Niger n’existeront plus : à sec, déboisés pour faire cuire et broutés à blanc. Au contraire, le Bangladesh sera à moitié noyé. Pendant ce temps chez les riches, Las Vegas finira de téter les dernières gouttes des nappes. M’enfin chez nous en France il pleut de façon civilisée, même si les Bretons n’ont plus l’eau potable courante.

Il y a une pièce de la maison planétaire commune qui tombe en poussière, une autre qui est inondée, la troisième est hantée, une quatrième sèche et va prendre feu, mais pour Georges, « tout va bien » (Pierre Vassiliu).

L'énergie
Nos milliards de moteurs tournent depuis moins de deux siècles, démultipliant incroyablement la puissance humaine. Est-ce que ça va durer ?
On brûle toute l'énergie disponible, tout de suite, sans regarder l'avenir à qui l'on confie trop de nos saletés. Il n'y a pas d'ersatz aux énergies fossiles, que des remplacements partiels. L'uranium utilisable est lui aussi en quantité limitée, outre ses inconvénients à long, très long, terme. Il vaut mieux dominer et gérer l’inéluctable ralentissement à venir que le subir. Donc il faut être sobre, que chacun modifie son comportement. Nous qui voulons vivre en T-shirt en plein hiver; nous qui motorisons tout pour supprimer l’effort : la grande flemme ; nous qui laissons béatement les marchands nous mener par le bout du nez. Paradoxalement alors que l’on a jamais été aussi nombreux sur la Terre, chacun veut plus. Il n’y aura pas de miracle, le plus tôt nous freinerons cette consommation et ce transport maladifs et iniques, le mieux pour la suite. Inéluctable à moins que l'on trouve comment récupérer proprement l'énergie que décrit « e = mc² » ou celle du soleil. On en est pas là.
Comment feront nos petits enfants avec une énergie probablement plus rare et chère ? Ils seront cependant bien au chaud grâce à l’épaisse couverture de CO2 que nous leur ouvrageons. Mais je ne sais toujours pas avec quoi les pauvres feront cuire leur riz.
Et il y aura pour des millénaires, des sites maudits : les 440 réacteurs nucléaires actuels, les futurs, etc.

Le Fonctionnement
Les systèmes qui manipulent toutes ces ressources n'évoluent pas forcément dans le bon sens. Une épidémie néo-libérale les a gagnés alors que « Ceux qui croient qu'une croissance sans fin est possible sur une planète finie sont soit des fous irréalistes soit des économistes. » (Kenneth Boulding, lui-même sage économiste). Entreprises et commerces ne s'occupent plus que de leurs chiffres d'affaire, le culte du " Veau d’ or ", et on inclut imprudemment l'agriculture dans ce jeu. Tout ça c'est négocié, joué, dans diverses bourses qui sont déconnectées de la réalité, désormais conduites par Big Brother lui-même au volant de ses ordis.
« Pourvou qué ça doure ? » (Lætitia mère de Napoléon)
Il en va de même pour les banques qui prêtent sans compter de l'argent qu'elles pondent et les dettes individuelles et collectives enflent. Tout repose sur une confiance rêvée dans les affaires pros-pèpères hypothétiques des années à venir, le tout tiré par la pub, propagande sucrée de notre système à gloutonner malsain en croissance utopique sans fin. C’est malsain. Comme on jette de plus en plus vite, on en arrive à jeter les choses sans les avoir encore payées.
Le système politique, « le moins pire de tous les autres » la démocratie (paraphrase de W. Churchill), a ses limites. Et n’est-elle possible que chez les nantis ? De nouveau il faut agir, revoir tout ça, ré-introduire plus de raison et d'éthique.


Les Inégalités
« LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE » est gravé dans toutes nos villes & villages.
Il y a deux choses de plus en plus mal réparties : l'argent et le boulot. Danger! Ces inégalités ne seront pas éternellement acceptées, elles augmentent sous les yeux de tous les Terriens dont les pauvres qui savent que la Terre n'a pourtant jamais autant donné. À l'opposé il y a une poignée de très-très riches qui s'isolent, se barricadent et s'arment, qui achètent lois et politiciens ; ils sont myopes car cela ne pourra pas durer, ni matériellement, ni socialement.
De même, la productivité croissante (mécanisation + informatique) diminue la quantité de travail humain nécessaire au fonctionnement général. Au lieu que cela soit intelligemment réparti, cela ne fait qu'élargir dangereusement cette fracture sociale, au profit de toujours les mêmes, menant de moins en moins au bonheur, se foutant de l'écologie.
Il est choquant et dangereux que les 50 millions les plus riches, dépensent la même somme que la moitié des Terriens à qui reviennent en moyenne 2 (ou 2 $) par jour et par personne. Bêtement : si on taxait la moitié des revenus de ces riches cela ferait quand même 1 de plus par jour et par personne chez ces pauvres, ce qui n’est pas négligeable, et si l'on y ajoute les dépenses militaires on arrive à 4 € ou $ ! Byzance ! S’ils ont si peu, c’est entre autres parce que nous avons tant. Les sur-développés existent. De plus les différences augmentent. Dans les pays riches les qq. très-très riches sont en train de gagner au monopoly. Dans les pays pauvres trop souvent les qq. rares fortunes y ont été accumulées par des dictateurs ; les atteintes aux libertés y sont couramment tolérées, voir soutenues, pour l’argent.
Nous sommes globalement plus riches que jamais : les boulangers vendent aujourd'hui plus de sucre que de pain. Rappelez vous : beaucoup de ce que nous prenons aujourd'hui, c'est à nos petits enfants que nous l'enlevons.
Ces injustices imbéciles mènent et mèneront à la révolte, la violence, la peur, l’insécurité. C’est cela que nous construisons, c’est cela que nous laisserons. Les armes se vendent, ça, nos petits enfants n’en manqueront pas.
Le village planétaire que nous laisserons est soumis aux lois et prédations iniques de l’argent et du plus fort, alors qu’il traverse une période clef de son évolution.
Il faut user du sens du long terme, de probité, de responsabilité, d'écoute, et de fraternité. Les temps sont venus pour une « nouvelle donne », une répartition juste et saine des revenus et du travail. Changeons d'élus, de chefs, les actuels, plus ou moins démagogues, ne font que poser de futiles pansements provisoires.
Dans la maison planétaire, la tuyauterie où circule l'argent ne marche pas bien. Là, l'Europe est une chance, un continent doit pouvoir prendre les initiatives nécessaires sans y laisser trop de plumes.

Le Grand Mélange
Tout' se mélange, et vite : objets, mœurs, gens et espèces, mentalités, rejoignant ainsi la "façon" de la nature, l'un des principes de l’évolution. Ça change la Vie. C'est passionnant mais inquiétant, nous vivons une époque clef, formidable, mais est-ce que ça va tenir ? « Pourvou qué ça doure ? » Mais si les menaces sont nombreuses, bien des éléments et exemples positifs existent. Rien n'est écrit d'avance.
Une culture planétaire se crée. le métissage des personnes et des civilisations peut être superbe et passionnant ; notez qu'il s’agit presque plus d’un mélange de civilisations d’époques différentes, que d’un mélange géographique. Et notre époque n’enthousiasme pas forcément ces peuples venus de loin.
« On vit une époque formidable » (Reiser).

Oui, notre aventure peut être formidable. A l'exemple d’une caravane seule dans le désert, dont la survie, comme celle des humains seuls dans leur coin de cosmos, dépend de la bonne gestion de ses ressources limitées et de la bonne entente de ses membres : ça passe où ça casse, du moins ça pourrit.
Les Pâsquans n’ont pas su ou pu gérer leurs ressources : ils ont coupé tous leurs arbres, ils ont bouffé tous les oiseaux, ils se sont battus ; ce fut la fin : misère, guerre, famine, anthropophagie. Les Tikopians (d'une autre île pacifique) au contraire ont su s'imposer les mesures écologiques et contraceptives nécessaires à leur survie sur des siècles.

A Nous de Jouer
Rien n'est écrit d'avance. C'est nous qui tenons la barre. Un changement de comportement concret et spirituel salutaire est indispensable et possible, il va dans le sens de l'évolution, de l'aventure des Humains. Nous n'en serons pas malheureux, au contraire.
La réponse viendra d'abord de chacun d'entre nous,
plus que des autorités supérieures qui ne sont que notre reflet.
Serons-nous de prudents nomades de l’univers, des Tikopians ou des Pasquans ? L’happy end n’est pas garantie des gouvernements. Au contraire, le système de fonctionnement actuel mène à l’impasse. Or il y a un autre chemin, un peu raide et vertueux, qui peut nous permettre de franchir ce qui doit être la prochaine marche à monter dans notre aventure ; il passe par deux domaines, matériel et spirituel. Matériellement, il faut indéniablement freiner et équilibrer notre consommation : ce sera moins d’argent, moins d’objets, mais plus de temps, peut être plus de fraternité, plus d’amour. La croissance s’est pervertie, nuisant à son propre but. Elle doit pouvoir baisser en douceur. A nos éminents responsables d’organiser le chantier. Spirituellement : Il semble que socialement l’homme sorte de l’enfance, et l'esprit est peut-être bien le futur de notre aventure, l'aboutissement de cette débauche d'énergies et matières cosmiques initiales.
L’évolution depuis le Big Bang crée des structures de plus en plus complexes ; la plus poussée c’est notre cervelle. Les Dieux (?) nous on fait libres, à nous d’être responsables. Croire en une maturation générale, ce n’est pas rêver, c’est aller avec la pente de l’évolution, et c’est la seule route possible.

à nous de jouer.
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en vrac, liste non exhaustive des petits gestes à additionner : Comment chacun de nous peut-il apporter concrètement sa pierre ?

- Manger moins de viande (y-en a pas assez pour tout le monde)
- Ne pas tondre tout son gazon (c'est une obsessionnelle pulsion de contrôler tous les brins d'herbe et surtout ça prive les insectes de bouffe)
- Ne pas brûler feuilles mortes et végétaux (leur co2 doit retourner à le terre et non dans les airs)
- Réfléchir avant d'enfoncer une prise, avant de motoriser
- Résoudre les inévitables conflits désormais autour d'une table, une bonne de préférence.
- Économiser le papier, réfléchir avant d'acheter comme avant de jeter, refuser les emballages inutiles
- Éviter le congelé (sauf pour les crèmes glacées) et le hors saison
- Mettre un pull en hiver, reprendre le rythme méditerranéen en été, se servir de ses gambettes Ces qq. efforts seront de plus excellents pour notre santé.
  • Votez, militez ! Nous avons les élus que nous méritons : choisissons les hommes et femmes qui veulent déclarer la guerre à la misère et au saccage. Ce sont les citoyens qui font les gouvernements, qui eux font les lois. Il faut croire en la démocratie, on n'a pas trouvé mieux
  • etc. À vous d'allonger la liste.




EXTRA BONUS-CADEAU GRATUIT EN PLUS : UNE HISTOIRE

Imaginez des extraterrestres à la recherche d'un Graal à travers le vide inter-sidéral. Après des générations de voyage cosmique dans le froid, le silence absolu et le vide immense, avec jamais rien en vue, pas une galaxie à l'horizon et d'ailleurs pas d'horizon non plus, ils finissent, à force de ramer, par s'approcher d'un nuage lumineux isolé qui, grossissant, s'avère être la Voie Lactée ; ils y plongent jusqu'au système solaire, croisant furtivement toutes sortes de cailloux, nuages et amas sans Vie ; et puis ils tombent sur un joyau, une merveille de tiédeur, de couleurs, de variété, de sons, de textures, de parfums : la Terre, cette planète qui, au jeu de dés cosmique, est celle qui a profité d'une incroyable série de « doubles six ».
Vie et intelligence s'y nichent, blotties dans une mince pellicule humide et fertile, en proportion dix fois plus fine que cette feuille de papier dans vos doigts.
Voila ce qu'ils y trouveront ! Voila où et qui nous sommes.
Pourvu qu'ils ne la baptisent pas "planète Mickey" et surtout pas "planète has been".

Dans le lointain et le très lointain, suffisamment de dangers inéluctables nous attendent : glaciations, éruptions volcaniques, météores, sursauts gamma, éruptions solaires d'amplitude, dérive des continents ; et plus loin notre cousine galactique, Andromède, qui un jour va nous rentrer dedans ; et enfin notre père Soleil qui un jour va imploser et nous bouffer comme Chronos ses enfants. D'ailleurs bien avant, dans un milliard d'années la Terre, trop chaude, sera de toute façon inhabitable. La chevauchée va être sauvage. Accrochons-nous déjà jusque-là. Que devant tous ces obstacles à venir nous ne soyons pas nous-mêmes en quelques générations la cause de notre perte après les 150 000 générations issues d'Adam & Ève.
Ça ne dérangera pas beaucoup la Vie que nous nous effacions, Elle recommencera plus tard, ici ou ailleurs où elle a peut-être bien commencé, d'ailleurs.

À NOUS DE JOUER.
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